Emergence de la neurochirurgie africaine

Note de présentation

"Emergence de la neurochirurgie africaine" est un livre qui a été publié il y a une année par le Professeur Abdeslam El Khamlichi, Président Honoraire de la Fédération Mondiale des Sociétés de Neurochirurgie (WFNS), et Professeur Emérite de neurochirurgie de l'Université Mohammed V de Rabat. L'auteur est l'un des pionniers de la neurochirurgie africaine, qui a dédié toute sa carrière à la formation de générations de neurochirurgiens marocains et africains, à la mise à niveau de la neurochirurgie dans son pays, et au développement de la neurochirurgie africaine avec un soutien sans précédent de la WFNS.

Ce livre est un document remarquable qui relate l'évolution récente de la neurochirurgie en Afrique durant ces trois dernières décennies, ainsi que sa relation privilégiée avec la WFNS (World Federation of Neurosurgical Societies). La première partie du livre explique le contexte colonial spécifique de l'Afrique. Malgré une introduction rapide de la neurochirurgie moderne par les puissances coloniales en même temps que le premier système de santé, la diaspora des médecins de la colonisation a échoué à former des professionnels de santé locaux, ce qui a abouti à un manque alarmant en médecins, et en neurochirurgiens. Le manque de centres de formation nationaux dans la plupart des pays africains au lendemain de leur indépendance explique le ratio d'un neurochirurgien pour 10 millions d'habitants dans les pays africains subsahariens, retrouvé à la fin du XXème Siècle (1998). En raison de leur nombre limité, les neurochirurgiens africains ne pourront prendre part aux activités internationales qu'au début du XXIème Siècle, et ne pourront former une association continentale active qu'en 2012.

Suite au rapport présenté par l'auteur en 1999, la WFNS a pris deux initiatives historiques pour apporter son soutien à la neurochirurgie africaine : l'organisation du premier congrès mondial de neurochirurgie en Afrique (Marrakech, 2005), et l'accréditation de centres régionaux pour la formation de jeunes médecins africains en neurochirurgie dans leur continent. Le premier de ces centres a été mis en place à Rabat en 2002, le WFNS-RTC (WFNS-Rabat Training Center), pour la formation des jeunes neurochirurgiens africains. L'ouvrage décrit comment l'enthousiasme généré par le Congrès de Marrakech, ainsi que les résultats de 16 ans d'activité du WFNS-RTC, ont permis d'introduire la neurochirurgie dans 20 pays africains subsahariens, de multiplier par cinq le nombre de neurochirurgiens dans la région et par six le nombre de centres nationaux de formation. Cette évolution a permis à la neurochirurgie africaine d'émerger et de sortir de l'ombre, ce qui a permis la création en 2012, de la CAANS (Association Continentale Africaine des Sociétés de Neurochirurgie, Continental African Association of Neurosurgical Societies). La quatrième partie de l'ouvrage ouvre les portes sur le futur de la neurochirurgie africaine, en suggérant une stratégie de développement à l'horizon 2030, dans le but d'atteindre un niveau acceptable, et de répondre aux besoins des populations africaines.

Comme l'un des principaux initiateurs et acteurs dans tous ces projets, l'auteur apporte son témoignage sur trois décennies de collaboration fructueuse entre la WFNS et la neurochirurgie africaine, ce qui a conduit à l'émergence de la neurochirurgie dans le continent africain. Le livre est préfacé par d'éminents experts marocains, africains et internationaux. L'auteur termine son livre par des articles rédigés par les jeunes neurochirurgiens africains de retour chez eux, après leur formation au WFNS-RTC. Ces jeunes rapportent leurs expériences sur le terrain, ce qui, constitue le meilleur témoignage sur la réussite de ce modèle de formation.

L'auteur raconte tous ces événements dans un style direct, accompagné de plusieurs expériences originales et intéressantes, telles que l'approche adoptée pour faire progresser la neurochirurgie au Maroc et en Afrique, les actions positives entreprises après l'échec de la première candidature de Marrakech à Berlin en 1995, ou encore la mobilisation des autorités et des neurochirurgiens marocains autour du WFNS-RTC. De telles expériences rendent la lecture du livre instructive et enrichissante.

A travers cette expérience vécue sur l'histoire récente de la neurochirurgie africaine et le rôle de la WFNS dans son développement, nous souhaitons que la lecture de cet ouvrage poussera les jeunes générations de neurochirurgiens, aussi bien au niveau de la WFNS qu'au niveau de l'Afrique, à avoir plus de recul quand ils évaluent aujourd'hui les réalisations de la Fédération et les progrès de la neurochirurgie africaine.

L'EDITEUR